Marine Le Pen, cette bourgeoise, qui se pose en défenseure des pauvres et des orphelins pour gagner des voix du côté des classes populaires victimes de la crise, servirait sa classe de privilégiés aussi fidèlement que ses prédécesseurs à l’Elysée, mais de façon plus autoritaire encore.
Elle a accédé au deuxième tour avec les votes d’une partie de l’électorat populaire. L’influence électorale du FN résulte des déceptions légitimes du monde du travail à l’égard des grands partis de gauche, PS et PC, qui ont prétendu gouverner dans son intérêt mais qui n’ont cessé de les fouler aux pieds.
Le chauvinisme, la méfiance envers l’étranger que les grands partis de gauche ont substitués au fil du temps aux idées de lutte de classe et à l’internationalisme, recyclés de façon exacerbée par le FN, affaiblissent le monde du travail déjà aujourd’hui. Ils sèment des divisions mortelles entre Français et étrangers, entre travailleurs du privé et ceux du public, entre travailleurs en activité et chômeurs.
Je m’adresse aux électeurs du monde du travail tentés par cette forme ultime d’électoralisme qui consiste à voter pour le FN sous prétexte qu’il n’a jamais gouverné, pour leur dire : vous vous affaiblissez vous-mêmes en cherchant l’ennemi du côté de vos frères de classe d’autres origines. Cela dissimule vos véritables ennemis : ceux qui siègent dans les conseils d’administration des groupes industriels et financiers, qui vivent à Neuilly ou dans le 16e arrondissement de Paris et qui attaquent nos conditions d’existence. Mais, au deuxième tour, on n’en est même plus là. Voter pour Le Pen, cela peut contribuer à l’installer au pouvoir. C’est l’ensemble du monde du travail qui le paiera.
Un pouvoir dirigé par Marine Le Pen foulera aux pieds plus fortement encore que ses prédécesseurs les droits et les libertés élémentaires du monde ouvrier. Elle affirme déjà qu’elle s’en prendra aux catégories les plus vulnérables des travailleurs immigrés, puis mettra en cause leurs enfants même nés en France. Elle s’en prendra aux syndicats pas assez dociles, aux associations qui lui déplaisent, comme le font déjà, à leur échelle, les municipalités Front national.
Les travailleurs conscients doivent rejeter le vote pour Marine Le Pen !
Mais Macron, cet ancien banquier ministre, est tout aussi un ennemi de la classe ouvrière que Marine Le Pen. Malgré la brièveté de son passage au gouvernement, il a eu le temps d’en faire la preuve avec la loi qui porte son nom et qui étend le travail du dimanche et avec la loi El Khomri qu’il aurait voulu plus dure encore.
Au premier tour, il a été, avec Fillon, celui qui annonçait son intention de supprimer des postes dans les services publics, alors même que le chômage est déjà catastrophique et que les services publics, du système hospitalier à l’éducation, se dégradent faute de personnel et de moyens.
Emmanuel Macron se posera en rempart contre le FN. C’est un mensonge. Dévoué qu’il est aux intérêts des classes possédantes, il ne fera rien contre la colère qui monte dans les classes populaires et que détourne Marine Le Pen. Le FN ne pourra que se renforcer avec Macron comme président.
Fillon ayant été éliminé, il appelle avec la plupart de ses comparses à voter pour Macron. Le PS, de son côté, s’aligne sur la droite.
Pour notre part, nous ne participerons à aucun front républicain réunissant des politiciens de la droite extrême filloniste avec le PS.
Pour ma part, je voterai blanc en donnant à mon vote le sens d’un rejet de Marine Le Pen sans cautionner Emmanuel Macron.
Je ne suis pas propriétaire des votes qui se sont portés sur mon nom au premier tour. Une partie de mes électeurs voteront comme moi, en votant blanc. D’autres voteront blanc ou nul, en portant sur leur bulletin de vote une expression de leur protestation. D’autres s’abstiendront. Certains choisiront peut-être de voter en faveur de Macron en croyant, à tort, qu’ils s’opposent ainsi à la montée du FN.
L’essentiel est de prendre conscience que, quel que soit le résultat du vote, les exploités, les retraités, les chômeurs, auront un ennemi à l’Élysée. Ils ne pourront se défendre face au grand patronat qui, avec l’aide du gouvernement, s’en prendra de plus en plus violemment à leurs conditions d’existence, qu’en se retrouvant ensemble, demain, dans l’explosion sociale que la rapacité patronale finira par susciter.
Je remercie de leur confiance celles et ceux qui m’ont apporté leur soutien et leurs suffrages et ont exprimé ainsi leur conscience d’appartenir au camp des travailleurs.
Ces électrices et électeurs constituent une minorité dans l’électorat. Mais ils ont contribué à ce que se manifeste, à l’occasion de cette présidentielle, le courant communiste. C’est-à-dire le courant du mouvement ouvrier qui se revendique de la continuité avec ce que les expériences des luttes du passé ont produit de meilleur, de plus accompli : les idées communistes. C’est-à-dire la détermination non seulement de défendre les intérêts quotidiens du monde du travail dans le cadre de l’organisation capitaliste de la société, mais, plus encore, d’œuvrer pour son renversement par l’action collective consciente des travailleurs.
Cette minorité entretient cette petite flamme qui représente plus d’espoir pour l’avenir de l’humanité que toutes les flambées électorales susceptibles d’allumer de faux espoirs avant de s’éteindre à l’épreuve de la réalité du pouvoir, c’est-à-dire de la dictature des grands groupes industriels et financiers sur la société.
Le camp des travailleurs, pèse peu dans les urnes. Il n’en sera pas de même lorsque le monde des exploités se mettra en mouvement pour défendre ses intérêts de classe. Toutes ces femmes et tous ces hommes pourront alors former autant de noyaux dans les entreprises, dans les quartiers populaires, autour desquels pourront se regrouper bien d’autres à la recherche d’idées et de mots d’ordre.
Nos idées ont porté bien au-delà de ce qui ressort des résultats dans les urnes. L’illusion du « vote utile » étouffe la prise de conscience naissante. Mais la vérité finira par se frayer un chemin pour cette raison fondamentale que les idées de lutte de classe sont le reflet de la réalité sociale. Et cette réalité, la crise économique, et la menace de son aggravation par un nouveau krach financier pousseront inévitablement le grand patronat à mener une guerre de plus en plus violente contre les exploités. Quel que soit le président, la classe capitaliste continuera à réduire encore les salaires, à rendre le travail toujours plus flexible, à aggraver le chômage et la précarité.
Au-delà de la défense de ses conditions d’existence, s’impose la nécessité pour la classe ouvrière de renouer avec son combat séculaire pour mettre fin au capitalisme qui, dans sa décadence, fait reculer la civilisation humaine. Par les guerres qu’il multiplie et le terrorisme qu’il suscite, il pousse l’humanité vers la catastrophe.
Les idées que nous avons semées aujourd’hui trouveront leur signification lorsque le monde ouvrier se mettra en mouvement pour refuser l’insupportable.
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