lundi 26 juin 2017

Un gouvernement qui déclare la guerre aux travailleurs

Les urnes sont rangées. Le cirque électoral est passé. Le nouveau gouvernement va se consacrer à la tâche que la bourgeoisie attend de lui : lancer l’offensive contre les travailleurs.
Macron a mis en avant deux mesures emblématiques : la loi de moralisation de la vie politique et la réforme du Code du travail.
La première ne visait qu’à amuser la galerie. Macron voulait se faire mousser en jouant au Monsieur Propre de la politique française. Mais les révélations sur les magouilles immobilières de Richard Ferrand et les emplois fictifs au Modem de François Bayrou, hier encore ministre de la Justice et porteur du projet de loi, ont compromis son opération de « com ». La classe capitaliste aimerait bien avoir des serviteurs politiques désintéressés mais elle n’engendre que des politiciens, à son image, âpres au gain.
La seconde mesure visant à réformer le Code du travail n’est pas une anecdote. Elle concerne les dizaines de millions de salariés et est une déclaration de guerre contre le monde du travail.
Le gouvernement veut aller plus loin que la loi El Khomri. Il veut laisser au patronat plus de marges de manœuvre pour faire sa loi à l’échelle des entreprises ; permettre aux multinationales de licencier sans contrainte dans une filiale même si, à l’échelle du groupe, les bénéfices affichés sont insolents ; ou encore plafonner les indemnités prud’homales qu’un travailleur pourrait obtenir suite à un licenciement reconnu abusif et réduire les délais qui permettent à un salarié de contester un licenciement.
Le gouvernement va présenter cette semaine au conseil des ministres la loi d’habilitation à réformer le Code du travail par ordonnances. Puis il la fera voter au Parlement en juillet. En septembre, les ordonnances tomberont, révélant leur contenu précis au moment même où elles prendront effet.
Qu’est-ce que le patronat pourra imposer à l’échelle de l’entreprise ? Jusqu’où pourra-t-il déroger aux accords de branche ? Les contrats de chantier, ces CDI existant déjà dans le bâtiment, en fait des CDD sans indemnité de précarité et parfois sans réelle protection sociale, seront-ils élargis à d’autres branches ? Tout cela pourrait bien n’être révélé qu’en septembre.
Le gouvernement laisse planer le doute sur l’ampleur de la régression sociale qu’il prépare car il ne veut pas braquer les directions syndicales et risquer de provoquer des réactions ouvrières. Et pour l’instant, ne serait-ce que dans leurs déclarations, les dirigeants syndicaux font preuve d’un attentisme lamentable. La ministre du Travail, en DRH expérimentée, les reçoit semaine après semaine pour bavarder pendant que le gouvernement affute ses ordonnances.
Bien des travailleurs et des militants syndicaux ne sont pas dupes et se rendent compte de la nécessité de se battre. Des unions syndicales régionales et départementales appellent à des rassemblements pour dénoncer le projet gouvernemental, notamment le 27 juin devant l’Assemblée. Mais ces mobilisations ont lieu en ordre dispersé et à des dates différentes alors qu’il faudrait au contraire réagir tous ensemble et avoir un plan de mobilisation.
Macron veut agir vite et profiter des congés d’été pour frapper. Mais au-delà de ce calcul, il veut surtout donner des gages à la bourgeoisie. Il veut lui montrer que s’il a été un bon illusionniste, capable de se faire élire, il sera aussi un de ses hommes forts, capable d’imposer des sacrifices aux travailleurs sans déclencher trop de vagues.
La crise économique rend le patronat plus rapace et le gouvernement à son service plus arrogant. Si nous ne voulons pas que nos salaires, nos conditions de travail, nos conditions de vie reculent indéfiniment, nous devrons nous battre avec nos armes de travailleurs, nos armes de classe que sont les grèves et les manifestations.
Le gouvernement veut nous émietter, nous cantonner dans nos entreprises. Mais c’est à l’ensemble des travailleurs qu’il a déclaré la guerre. Et, dans le bras de fer qui nous oppose à lui et au patronat, notre force ne peut venir que de luttes qui se généralisent, d’une entreprise à l’autre, d’un secteur à l’autre, et aboutissent à la mobilisation de l’ensemble de la classe ouvrière pour ses intérêts collectifs.
À moins de croire au Père Noël pour les travailleurs, c’est la seule conclusion rationnelle à laquelle on peut arriver.

Editorial du bulletin des entreprises, le 26 juin 2017

lundi 19 juin 2017

L’intérêt des travailleurs : s’unir autour d’une politique de classe


Macron a donc la large majorité qu’il souhaitait à l’Assemblée nationale. Il pourra prendre toutes les mesures qu’il voudra. La future Assemblée de béni-oui-oui sera derrière lui.

La nouvelle majorité se vante d’avoir écarté les notables de la politique dont l’alternance sous les étiquettes LR ou PS a tenu lieu de démocratie pendant un demi-siècle. Ce n’est que partiellement vrai tant une partie de ces notables a pu se recycler en faisant allégeance à Macron.

Les dirigeants macronistes se vantent d’avoir fait une large place à l’Assemblée nationale à ce qu’ils appellent la « société civile ». Mais au vu de l’appartenance sociale des députés – entrepreneurs, patrons de start-ups en tout genre, directeurs de sociétés, hauts cadres d’entreprises, propriétaires immobiliers – c’est une façon de confirmer que leur société est celle des bourgeois petits et moyens, dirigée en fonction des intérêts de la grande bourgeoisie capitaliste.

L’électorat populaire, les travailleurs, les chômeurs, les retraités du monde du travail, s’est tenu largement à l’écart de ces élections. L’abstention moyenne – déjà un record au premier tour, 51,3 %, plus forte encore au deuxième, 56,6 % – dissimule la réalité sociale : dans les quartiers populaires, elle a dépassé les 60 %, voire les plus de 70 %. Il faut ajouter aux abstentions les votes blancs et nuls, ainsi que tous ceux qui, dans les quartiers populaires, sont tellement dégoûtés des élections ne changeant rien à leur sort qu’ils ne sont même plus inscrits sur les listes électorales.

Ce n’est pas pour rien que Macron a réussi à entraîner une partie significative des politiciens de la droite. Ce dont la droite a rêvé, et que Hollande a commencé à réaliser avec la loi El Khomri, Macron se prépare à le poursuivre en démolissant ce qui, dans le code du travail, protégeait un peu les travailleurs contre l’avidité patronale. Pour obtenir la passivité complice des directions syndicales et ne pas provoquer de réactions ouvrières, il reste flou sur ses objectifs. Donnera-t-il au patronat la possibilité de tailler des contrats de travail sur mesure à l’échelle de l’entreprise ou à l’échelle de la branche ? Ce sera de toute façon une attaque en règle contre le monde du travail.

Le gouvernement Macron-Philippe est un gouvernement de guerre sociale dont l’objectif est de permettre au grand patronat et aux financiers, avec l’aide de l’État, de prélever sur les classes exploitées de quoi continuer à s’enrichir, alors qu’une fraction croissante de la population tombe vers la pauvreté.

Entre les deux tours, le principal argument des partis déchus de la gauche gouvernementale mais aussi du PCF et de La France insoumise a été « il ne faut pas laisser les mains libres à Macron ». Lamentable plaidoyer de partis qui se posent en avocats des classes populaires au Parlement, mais veulent surtout gagner quelques places de députés. Mais Macron a annoncé qu’il gouvernera par ordonnances, ne révélant le contenu de ses lois anti-sociales qu’au dernier moment. Avec la loi El Khomri, les travailleurs ont de toute façon fait l’expérience que l’exécutif a les moyens, avec le 49.3, de passer outre la contestation parlementaire, si contestation il y a.

Ce n’est pas par des joutes parlementaires, mais par la force collective de la classe ouvrière, que l’offensive du gouvernement et du grand patronat pourra être stoppée.

L’avidité de la classe capitaliste et l’arrogance de son gouvernement provoqueront des explosions sociales. La préoccupation de tous ceux qui se placent dans le camp des travailleurs doit être de contribuer à ce que ces révoltes soient guidées par la conscience de classe des travailleurs, de leurs intérêts communs les opposant au grand capital.

Il ne faut pas que cette force collective soit détournée vers des voies de garage ou, pire, dévoyées au point d’opposer les travailleurs les uns aux autres en fonction de leurs origines ou de leurs catégories.

Il est indispensable que les travailleurs se donnent un parti qui représente leurs intérêts politiques. Un parti d’autant plus décidé à mener jusqu’au bout les luttes des travailleurs, petites et grandes, qu’il a pour objectif fondamental le renversement de la dictature du grand capital sur la société. C’est-à-dire l’expropriation de la grande bourgeoisie, la fin de l’économie basée sur l’exploitation et la recherche du profit privé, pour une économie basée sur la propriété collective et organisée en fonction des besoins de tous.
Editorial du bulletin des entreprises, le 19 juin 2017

dimanche 11 juin 2017

Après le premier tour des élections législatives

À en juger par les résultats du premier tour de ces élections législatives, Macron s’achemine vers une écrasante majorité à l’Assemblée nationale. Le système électoral est ainsi fait qu’il aura une majorité parlementaire à sa botte avec 24 % de votants seulement en sa faveur au premier tour de la présidentielle, 18 % des inscrits et avec une abstention record à ce premier tour des législatives !
Macron aura donc réussi à créer une nouvelle configuration politique qui remplace les grands partis déconsidérés de l’alternance gauche-droite, en recyclant au passage un certain nombre de politiciens blanchis sous le harnais parlementaire. Il aura réussi à procurer à la bourgeoisie une équipe rafraîchie pour gérer ses affaires politiques.
Sa personne comme son gouvernement incarnent avec arrogance les intérêts de la France possédante. Ils sont des ennemis déclarés des travailleurs et applaudis comme tels par les bien-pensants. Leur plan de « réforme du travail » est une déclaration de guerre aux salariés.
Quelques voix parmi les porte-parole politiques de la bourgeoisie les plus lucides commencent cependant à s’inquiéter de l’ampleur annoncée de sa victoire aux législatives. Une opposition parlementaire trop minoritaire ou trop jugulée n’est pas à même d’entretenir l’illusion d’un contrepoids sur l’exécutif et, par là même, de canaliser et d’atténuer les mécontentements en tentant de les transformer en palabres parlementaires.
Les classes populaires frappées par les mesures prises en faveur de la grande bourgeoisie, les travailleurs en premier lieu, en tireront plus facilement la conclusion qu’il n’y a rien à espérer du côté de ce moulin à paroles qu’est l’Assemblée, si visiblement sans pouvoir. Il y a là le risque pour la bourgeoisie que l’opposition s’exprime ailleurs : dans la rue, dans les quartiers populaires, dans les entreprises.
C’est dans cette perspective que les résultats des candidats Lutte Ouvrière « Faire entendre le camp des travailleurs », pour modestes qu’ils soient, représentent un espoir.
Lutte ouvrière ayant présenté des candidats dans la quasi-totalité des circonscriptions, le courant qui se place du point de vue des intérêts matériels et politiques du monde du travail a pu manifester sa présence partout dans le pays.
Tout en remerciant les travailleurs, les chômeurs, les retraités qui, en votant pour nos candidats, ont voulu affirmer leur appartenance au camp des travailleurs, nous les appelons à continuer à exprimer leurs convictions, les affermir, les propager. La conscience de faire partie de la classe des exploités aux intérêts fondamentalement opposés à ceux des exploiteurs est essentielle pour survivre dans cette jungle qu’est la société capitaliste.
C’est parce qu’il se place résolument sur le terrain de la conscience de classe que notre courant pourra et devra trouver, lors des réactions inévitables du monde du travail, l’influence qu’il ne peut pas gagner sur le seul terrain électoral.
Pour la grande bourgeoisie, les partis qui ont l’ambition de gérer ses affaires politiques ne sont qu’accessoires. Elle peut les garder, s’en détourner ou les rejeter lorsqu’ils sont trop usés. Sa mainmise sur la société, elle la doit à ses capitaux.
La force de la classe ouvrière ne peut, en revanche, se déployer que collectivement. Elle a besoin d’un parti qui incarne sa conscience de classe et qui représente résolument, en toutes circonstances, ses intérêts politiques. Rejoignez-nous pour reconstruire un parti communiste révolutionnaire, indispensable pour se défendre au jour le jour, irremplaçable pour mettre fin à la dictature du grand capital sur la société et à l’exploitation !
Nathalie ARTHAUD

lundi 5 juin 2017

Votez Lutte ouvrière pour faire entendre le camp des travailleurs

Dimanche prochain, nous sommes appelés à voter pour les élections législatives. Tous les grands partis bourgeois s’agitent, les vieilles écuries politiciennes comme les nouvelles. Les uns veulent nous faire croire qu’il faut absolument que Macron ait sa majorité pour gouverner. Les autres nous disent qu’ils seront une opposition qui fera rempart contre sa politique. Tous prétendent que la politique se renouvelle mais ce sont toujours les mêmes vieilles ficelles qu’ils utilisent pour nous faire croire que notre sort est au bout du bulletin de vote.
Pendant ce temps, la bourgeoisie poursuit les fermetures d’entreprise et les licenciements. Elle mène sa guerre contre les travailleurs en aggravant les cadences, en imposant les samedis travaillés obligatoires et le blocage des salaires.
Et le gouvernement Macron se prépare à amplifier cette guerre, à la généraliser, à donner au patronat tous les moyens légaux lui permettant de s’en prendre aux salaires, à la durée du travail, aux conditions de travail. Le plan pour « réformer le travail » que Macron veut faire passer par ordonnances est une attaque tous azimuts contre la classe ouvrière. Il prévoit de démolir les quelques limites légales à la toute-puissance patronale.
Si ce projet passe, la durée du travail, les salaires, la règlementation du travail de nuit pourraient désormais être définis non pas par la législation, ni même par les accords de branche, mais par des accords d’entreprise. Ce qui signifie en clair que les patrons auraient désormais légalement le droit de faire ce qu’ils veulent dans leur entreprise : majorer les heures supplémentaires au taux qui les arrange, payer les indemnités de licenciements qu’ils veulent.
Les patrons avaient déjà une foule de moyens pour contourner les lois sociales existantes et s’asseoir dessus. Ils pourront désormais légalement faire des contrats de travail taillés sur mesure pour leurs besoins immédiats, licencier quand ils veulent sans avoir à se justifier de quoi que ce soit.
Toutes les demandes du patronat sont exaucées jusqu’au plafonnement des dommages et intérêts versés aux salariés en cas de condamnation de leur patron ; jusqu’à la fusion des comités d’entreprise, des CHSCT et des délégués du personnel.
Ce que patronat et gouvernement appellent cyniquement « rapprocher le droit des travailleurs des nécessités des entreprises » consiste à livrer les travailleurs pieds et poings liés à leur patron.
Pour nous, travailleurs, chômeurs, retraités, jeunes des classes populaires qui sommes victimes de la domination du grand capital, l’avenir ne se joue pas au fond des urnes. Il dépend de nos luttes contre la classe capitaliste, de notre organisation et de notre conscience collective.
Construire une opposition qui représente nos intérêts de classe est d’autant plus important que le Front national a gagné en influence et détourne les travailleurs de leur véritable combat en désignant comme boucs émissaires les immigrés, qui sont nos frères de classe. En occultant les responsabilités du grand patronat, le Front national défend, comme Macron, le pouvoir des capitalistes.
La présence de candidats de Lutte ouvrière dans toutes les circonscriptions permettra à tous ceux qui partagent notre révolte et nos perspectives de les exprimer. Dans cette période de recul où beaucoup peuvent se sentir isolés, c’est précieux.
Chacun pourra mesurer dans son quartier, dans sa ville qu’il n’est pas seul et qu’il s’inscrit dans un courant de plusieurs centaines de milliers de femmes et d’hommes. Un courant minoritaire certes, mais qui existe à l’échelle du pays et qui est fier de ses idées. Un courant de femmes et d’hommes bien décidés à ne pas se laisser faire.
Le 11 juin, votez pour les candidats de Lutte ouvrière pour que s’affirme l’opposition ouvrière contre le gouvernement et contre le grand patronat qui tire les ficelles.
Et, une fois les élections terminées, demeure la nécessité pour les exploités de se donner un parti qui représente leurs intérêts de classe. Il faut des femmes et des hommes qui agissent au quotidien dans les entreprises, dans les quartiers. Il faut un parti déterminé à défendre les intérêts des travailleurs dans le cadre du capitalisme mais qui œuvre en même temps pour le renversement de cette société d’exploitation.
Editorial du bulletin des entreprises, le 5 juin 2017