Macron a donc
la large majorité qu’il souhaitait à l’Assemblée nationale. Il pourra prendre
toutes les mesures qu’il voudra. La future Assemblée de béni-oui-oui sera
derrière lui.
La nouvelle
majorité se vante d’avoir écarté les notables de la politique dont l’alternance
sous les étiquettes LR ou PS a tenu lieu de démocratie pendant un demi-siècle.
Ce n’est que partiellement vrai tant une partie de ces notables a pu se recycler
en faisant allégeance à Macron.
Les dirigeants
macronistes se vantent d’avoir fait une large place à l’Assemblée nationale à
ce qu’ils appellent la « société civile ». Mais au vu de
l’appartenance sociale des députés – entrepreneurs, patrons de start-ups en
tout genre, directeurs de sociétés, hauts cadres d’entreprises, propriétaires
immobiliers – c’est une façon de confirmer que leur société est celle des
bourgeois petits et moyens, dirigée en fonction des intérêts de la grande
bourgeoisie capitaliste.
L’électorat
populaire, les travailleurs, les chômeurs, les retraités du monde du travail,
s’est tenu largement à l’écart de ces élections. L’abstention moyenne – déjà un
record au premier tour, 51,3 %, plus forte encore au deuxième, 56,6 %
– dissimule la réalité sociale : dans les quartiers populaires, elle a
dépassé les 60 %, voire les plus de 70 %. Il faut ajouter aux
abstentions les votes blancs et nuls, ainsi que tous ceux qui, dans les
quartiers populaires, sont tellement dégoûtés des élections ne changeant rien à
leur sort qu’ils ne sont même plus inscrits sur les listes électorales.
Ce n’est pas
pour rien que Macron a réussi à entraîner une partie significative des
politiciens de la droite. Ce dont la droite a rêvé, et que Hollande a commencé
à réaliser avec la loi El Khomri, Macron se prépare à le poursuivre en
démolissant ce qui, dans le code du travail, protégeait un peu les travailleurs
contre l’avidité patronale. Pour obtenir la passivité complice des directions
syndicales et ne pas provoquer de réactions ouvrières, il reste flou sur ses
objectifs. Donnera-t-il au patronat la possibilité de tailler des contrats de
travail sur mesure à l’échelle de l’entreprise ou à l’échelle de la
branche ? Ce sera de toute façon une attaque en règle contre le monde du
travail.
Le gouvernement
Macron-Philippe est un gouvernement de guerre sociale dont l’objectif est de
permettre au grand patronat et aux financiers, avec l’aide de l’État, de
prélever sur les classes exploitées de quoi continuer à s’enrichir, alors qu’une
fraction croissante de la population tombe vers la pauvreté.
Entre les deux
tours, le principal argument des partis déchus de la gauche gouvernementale
mais aussi du PCF et de La France insoumise a été « il ne faut pas laisser
les mains libres à Macron ». Lamentable plaidoyer de partis qui se posent
en avocats des classes populaires au Parlement, mais veulent surtout gagner
quelques places de députés. Mais Macron a annoncé qu’il gouvernera par
ordonnances, ne révélant le contenu de ses lois anti-sociales qu’au dernier
moment. Avec la loi El Khomri, les travailleurs ont de toute façon fait
l’expérience que l’exécutif a les moyens, avec le 49.3, de passer outre la
contestation parlementaire, si contestation il y a.
Ce n’est pas
par des joutes parlementaires, mais par la force collective de la classe
ouvrière, que l’offensive du gouvernement et du grand patronat pourra être
stoppée.
L’avidité de la
classe capitaliste et l’arrogance de son gouvernement provoqueront des
explosions sociales. La préoccupation de tous ceux qui se placent dans le camp
des travailleurs doit être de contribuer à ce que ces révoltes soient guidées
par la conscience de classe des travailleurs, de leurs intérêts communs les
opposant au grand capital.
Il ne faut pas
que cette force collective soit détournée vers des voies de garage ou, pire,
dévoyées au point d’opposer les travailleurs les uns aux autres en fonction de
leurs origines ou de leurs catégories.
Il est
indispensable que les travailleurs se donnent un parti qui représente leurs
intérêts politiques. Un parti d’autant plus décidé à mener jusqu’au bout les
luttes des travailleurs, petites et grandes, qu’il a pour objectif fondamental
le renversement de la dictature du grand capital sur la société. C’est-à-dire
l’expropriation de la grande bourgeoisie, la fin de l’économie basée sur
l’exploitation et la recherche du profit privé, pour une économie basée sur la
propriété collective et organisée en fonction des besoins de tous.
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