À l'approche de la présidentielle, on annonce
que quatre candidats pourraient avoir des résultats proches. Si cela accroît
l'incertitude sur la personne qui remplacera Hollande, il n'y a pas de doute à
avoir sur la politique qu'elle mènera, qui sera dictée par les patrons des
grandes entreprises et des banques.
Avant son élection, Hollande avait dit que
son premier ennemi serait la finance et qu'il la combattrait. Élu, il n'a même
pas fait mine d'appliquer cette promesse. Il s'est incliné devant les exigences
des capitalistes en leur versant des dizaines de milliards d'euros d'argent
public. Il a fait adopter les lois Macron et El Khomri, qui ont démantelé le
code du travail, facilité les licenciements, augmenté la précarité sans autant
créer d'emplois.
On comprend donc que bien des travailleurs
ayant voté Hollande en 2012, désorientés, ne veuillent plus croire aux
discours. Pourtant le petit jeu de la démagogie et des fausses promesses est
reparti.
Bien sûr, le candidat de la droite Fillon n'a
pas besoin de faux semblants pour satisfaire son public. Il dit qu'il s'en
prendra aux services publics, aux fonctionnaires et à ce qu'il reste du code du
travail. Mais Macron n'est guère différent. En fait de renouveau, il annonce
qu'en matière sociale il poursuivra ce qu'il a fait comme ministre de Hollande
et qu'il gouvernera par ordonnances. Il ne cache pas que sa politique serait
faite de nouvelles attaques contre les travailleurs.
À l'extrême droite, Marine Le Pen voudrait
profiter du désarroi créé par le quinquennat Hollande pour jouer à la candidate
des pauvres et des petites gens. En fait, elle n'envisage pas une seconde de
s'en prendre au grand patronat et à ses milliards. Son ennemi n'est pas la
finance, mais les plus pauvres des travailleurs, les migrants, les
sans-papiers, les immigrés en général, comme si les exploiteurs étaient de ce
côté-là ! Elle divise les travailleurs, en les incitant à s'en prendre aux
plus pauvres d'entre eux. C'est se montrer pour ce qu'elle est : une
ennemie mortelle du monde du travail.
À gauche, Hamon et Mélenchon veulent se
distinguer de la politique qu'a menée le Parti socialiste, dont ils sont issus.
Selon les sondages les chances de Mélenchon seraient en hausse. Mais même s'il
était élu, il n'y aurait aucune raison de lui faire plus confiance qu'à
Hollande. Il se comporterait comme lui, et pour la même raison : en
réalité, ce n'est pas l'élu à l'Élysée qui décide de la politique à mener car
le grand patronat, les banques, les marchés financiers la lui dictent.
On l'a vu non seulement en France, mais en
Grèce, dont la population a subi un appauvrissement dramatique pour payer les
milliards d'intérêts exigés par les banques. Élu pour tenter de leur résister,
le gouvernement Tsipras a rapidement capitulé. Il s'est fait l'agent payeur qui
reverse aux banquiers l'argent soutiré à la population grecque.
Si Mélenchon était élu et même s'il voulait
tenir ses promesses, il ne tiendrait pas le peu de temps qu'a tenu Tsipras. Il
capitulerait, prendrait le tournant de l'austérité et dirait qu'il se heurte au
“mur de l'argent”. Les dirigeants de la gauche de gouvernement ont toujours
justifié ainsi leurs reculs, feignant de découvrir ce “mur”, qui n'est fait que
de la volonté de la grande bourgeoisie capitaliste d'imposer ses choix. Comme
s'ils n''avaient pas connu son existence avant !
Mélenchon ou Hamon peuvent faire semblant de
ne pas voir ce mur, mais pas les travailleurs. Ils n'ont pas à conquérir un
poste, mais à défendre leurs conditions d'existence face aux attaques qu'ils
subiront de toute façon, quel que soit l'élu. Ils ne peuvent faire comme si le
mur n'existait pas.
Alors, pour dire que ce mur est là et qu'il
faut se donner les moyens de l'abattre, Lutte ouvrière présente la candidature
de Nathalie Arthaud.
Les exigences des travailleurs sont
d'interdire les licenciements, de répartir le travail entre tous, d'augmenter
les salaires et pensions, de contrôler les comptes des entreprises et de
l'État. L'imposer ne se fera pas par une élection. Il faudra mobiliser toute la
force des travailleurs, dans les entreprises et dans la rue, pour battre en
brèche la résistance patronale.
Voter
Nathalie Arthaud, ce sera pour les travailleurs exprimer ce que sont leurs
nécessités vitales. Mais ce sera aussi se préparer à lutter pour les imposer.
Editorial des bulletins d'entreprise, le 17 avril 2017
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