Dimanche
dernier, Nathalie Arthaud tenait son principal meeting de campagne, devant 4000
personnes, à Aubervilliers près de Paris. Parmi les intervenants, plusieurs militants
ouvriers ont dénoncé la lutte de classe menée au quotidien par leur patron. Les
chantiers navals à Saint-Nazaire recourent massivement à l’intérim et à la
sous-traitance, avec des rythmes de travail toujours plus soutenus qui
augmentent les risques d’accident. Le groupe aéronautique Safran bloque les
salaires et fait 1,8 milliard d’euros de profits, soit l’équivalent de 2250
euros brut mensuels prélevés sur chaque salarié ! La direction de PSA
parvient à un profit record, lui permettant de racheter Opel et d’arroser ses
actionnaires, parce qu’elle a fermé une usine et supprimé 17 000 emplois. Même
dans les hôpitaux, les critères de rentabilité s’imposent, les personnels sont
débordés et les patients en souffrent. Elles sont là, les raisons de la crise.
En licenciant les uns et en surexploitant les autres, le grand patronat
accumule des fortunes colossales, mais il appauvrit le reste de la société.
En Guyane,
la classe capitaliste fait preuve de la même rapacité. Dans ce vestige de
l’empire colonial, près de la moitié des familles vivent sous le seuil de
pauvreté et un jeune sur deux est au chômage. On y lance ces merveilles de
technologie que sont les fusées Ariane, mais une partie des habitants n’a ni
eau courante, ni électricité ! La mortalité infantile est trois fois plus
élevée que la moyenne française. Les écoliers sont encadrés par deux fois moins
d’adultes qu’en métropole.
Alors la
population en a assez de l’exploitation, de la criminalité grandissante et de
la vie chère. C’est la grève générale. Face à l’État, aux possédants, y compris
les notables locaux, souhaitons que les travailleurs de Guyane prennent
conscience de leurs intérêts de classe et que, sur cette base-là, leur lutte aille
le plus loin possible !
Dans
l’élection présidentielle, les principaux candidats cherchent à donner le
change. Chacun explique qu’il réduirait le chômage, les inégalités, ou encore
la pénurie de logements bon marché... Ce sont des mensonges, car les vrais
détenteurs du pouvoir ne sont pas élus : ce sont les principales fortunes
du pays, celles qui décident de tout, quelle que soit l’identité du président,
ou la nature des institutions.
Ceux qui
prônent la VIe république nous mentent. Elle ne changerait rien. Le
cimentier Lafarge a prospéré sous les IIIe, IVe et Ve
Républiques ; il a participé à la construction du mur de l'Atlantique sous
Pétain, a récemment fait des affaires en Syrie sous Daech et était candidat pour
construire le mur de Trump entre le Mexique et les États-Unis ! Tout cela
en toute impunité, au nom des intérêts de ses actionnaires. Alors ce n’est pas
une VIe république qui l’arrêterait, ni lui, ni aucun autre
capitaliste !
Si cette
élection a un intérêt, c’est de permettre de faire entendre les intérêts des
travailleurs. C’est le sens de la candidature de Nathalie Arthaud, présentée
par Lutte ouvrière. Elle s’inscrit dans la continuité de celles d’Arlette
Laguiller, qui fut en 1974 la première femme, la première travailleuse
candidate à la présidentielle, et le fut à six reprises. Comme Arlette
Laguiller avant elle, Nathalie Arthaud défend des exigences essentielles pour
le monde du travail.
Il faut un
travail et un salaire pour tous. Il faut prendre sur les profits des
multinationales pour financer les emplois. En un an, la fortune de Patrick
Drahi vient de passer de 6 à 13 milliards d’euros. Et son entreprise SFR
supprime 5 000 emplois ! Orange, SFR ou PSA ont les mêmes pratiques.
Alors, pour éradiquer le chômage, il faut interdire les licenciements et
répartir le travail entre tous.
Pour vivre décemment,
il faut au moins 1800 euros net par mois. Il faut augmenter salaires et
pensions d’au moins 300 euros. Et les salaires doivent suivre l’augmentation
réelle des prix.
Les grandes
banques européennes continuent de frauder les impôts via les paradis fiscaux,
comme vient de le souligner l’ONG Oxfam. Trafiquer les comptes pour échapper à
l’impôt, arroser les actionnaires, justifier des licenciements : ce sont
des malversations courantes des multinationales. Pour y mettre fin, il faut que
les travailleurs contrôlent les comptes des entreprises. Il faut abolir le
secret bancaire et commercial.
Aucun de ces
objectifs ne pourra être atteint avec un bulletin de vote. Mais soyons nombreux
à les approuver le 23 avril, pour les défendre dans les luttes qu’il nous faudra
mener. Faisons entendre le camp des travailleurs en votant pour Nathalie
Arthaud. Cela dépend de chacun d’entre nous.
Editorial du bulletin des entreprises, 27 mars 2017
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