À moins de trois semaines du
premier tour, bien des électeurs sont indécis. L’élection présidentielle, qu’on
nous présente comme celle où tout se décide, a déçu. En 2012, des millions de
travailleurs avaient voté pour Hollande qui promettait de s’en prendre à la
finance. Cinq ans après, les riches se portent mieux que jamais et il y a un
million de chômeurs en plus.
Les présidents passent, les
fortunes bourgeoises restent et prospèrent ! Par exemple, les producteurs de
lait en savent quelque chose : le PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, est
devenu la 8e fortune française, avec un patrimoine passé de 4 à 10,5
milliards d’euros en quatre ans. Son frère et sa sœur possèdent également près
de 4 milliards chacun. Un pactole amassé en laminant le prix du lait payé aux
éleveurs, poussés vers la ruine, et en exploitant les travailleurs de
l’agroalimentaire. Les Besnier ne sont pas élus. Face à la colère des éleveurs,
le ministre de l’Agriculture expliquait qu’il n’avait pas le moyen de joindre
Besnier… résumant ainsi le fonctionnement de notre société : les politiciens
s’agitent, les capitalistes décident.
Les Guyanais ne comptent pas sur l’élection
d’un nouveau président et ils nous montrent que seule la mobilisation peut payer.
Dans ce reste de l’empire colonial, le contraste est révoltant entre les équipements
ultramodernes de la base spatiale de Kourou et le dénuement de la population,
parfois sans accès à l’eau courante ou à l’électricité. Pendant des années, les
Guyanais ont été bercés de promesses sans suite. Il a fallu qu’ils se lancent
dans la grève générale pour que les ministres arrivent avec de nouvelles
promesses. Le gouvernement est certes plus disposé à accéder aux demandes du
patronat local qu’à celles des travailleurs. Si ces derniers veulent faire
valoir leurs intérêts, il leur faut s’organiser et lutter pour leurs revendications
de classe.
Il en va de même pour nous. Quel
que soit l’élu le 7 mai, les travailleurs devront se battre pour défendre leurs
intérêts. Le programme des principaux candidats suffit pour s’en convaincre. On
nous annonce un second tour entre Macron et Le Pen. Derrière son sourire de DRH
idéal, le premier veut aggraver la politique antiouvrière qu’il a menée comme
ministre de Hollande : suppression de 120 000 emplois publics, hausse
de la CSG, aggravation de la loi El Khomri. C’est pour cela qu’il est soutenu
par les patrons et par tant d’anciens ministres du PS et de la droite !
Quant à Le Pen, elle pourfend le système pour mieux le protéger, à la manière
du milliardaire Trump, son idole. Elle prend les immigrés comme boucs émissaires
pour mieux diviser les travailleurs. Diviser pour régner, c’est la vieille
ficelle de nos exploiteurs.
Pas plus que celle de 2012,
l’élection présidentielle de 2017 ne changera les choses. Ce qu’elle nous permet
réellement, c’est de nous faire entendre. C’est le sens de la candidature de
Nathalie Arthaud. Elle défend des exigences essentielles que le monde du
travail devra imposer par des luttes collectives.
Pour combattre le fléau du
chômage, il faut répartir le travail entre tous sans perte de salaire. Il faut
interdire les licenciements et les plans de suppressions d’emplois, à commencer
par les entreprises qui font des profits. Comment accepter que des
multinationales comme SFR ou Sanofi suppriment des emplois, tout en faisant des
milliards de bénéfices ?
Pour arrêter la dégradation de
notre niveau de vie, il faut augmenter les salaires et les pensions d’au moins 300
euros. Personne ne peut vivre correctement avec moins de 1800 euros net par
mois. C’est un minimum.
Il faut que l’argent public aille
aux services publics utiles à la population. Les milliards dilapidés par l’État
en cadeaux au patronat devraient servir pour les hôpitaux, les écoles des
quartiers populaires, pour des transports publics de qualité et des centres de
santé dans les déserts médicaux.
Pour mettre fin aux malversations
des grandes entreprises, il faut abolir le secret des affaires. Les scandales
sanitaires récents, comme le Mediator de Servier, la Dépakine de Sanofi, ou
encore les moteurs truqués de l’industrie automobile, le montrent bien : on
ne peut accorder aucune confiance au grand patronat. Les travailleurs doivent
pouvoir tout rendre public pour que la population puisse tout contrôler.
Nous ne pourrons obtenir tout
cela que par des luttes massives du monde du travail. Mais chacun d’entre nous peut
mettre en avant ces exigences aujourd'hui en votant pour Nathalie Arthaud.
Editorial du bulletin des entreprises, 3 avril 2017
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