L’abstention record dans les élections régionales et départementales exprime le désintérêt profond, voire le dégoût croissant de l’électorat populaire pour ces compétitions destinées à désigner les coteries politiques qui auront à gérer les affaires de la bourgeoisie dans les différentes institutions.
Cette course à l’échalote pour des places et des positions est d’autant
plus dérisoire qu’après plusieurs mois d’une pandémie qui a pesé avant tout sur
les classes populaires, les travailleurs sont de plus en plus confrontés à
l’offensive brutale de la classe capitaliste : licenciements, fermetures
d’entreprises, baisse des salaires et des allocations chômage, aggravation des
conditions de travail. Pendant que la grande bourgeoisie s’enrichit au travers
de l’exploitation comme rarement dans le passé, que des actionnaires amassent
des fortunes autant grâce aux cadeaux de l’État que grâce à la spéculation,
ceux qui ont continué à faire marcher la société même pendant la pandémie sont
poussés vers la misère.
Pour les politiciens de la bourgeoisie, les fausses promesses ou les
slogans démagogiques tiennent lieu de programme. Ce n’est certainement pas cela
qui donnera aux exploités les moyens de résister au désastre qui s’annonce. Une
explosion de colère du monde du travail, méprisé, exploité, opprimé, est
inévitable et indispensable.
Encore faut-il que la colère ouvrière de demain ne soit détournée ni par
les ennemis ouverts des travailleurs, ni par leurs faux amis ! Il faut
qu’elle soit orientée, au-delà des marionnettes interchangeables de la caste
politique bourgeoise, contre ceux qui détiennent le véritable pouvoir :
les détenteurs des capitaux, les propriétaires des usines et des banques.
C’est à la classe privilégiée, sans utilité pour la société et pourtant
riche, qu’il faudra arracher de quoi financer le maintien de tous les emplois
par la répartition du travail entre tous sans diminution des salaires. C’est
sur les revenus du grand capital, sur les dividendes des actionnaires, sur
l’argent dilapidé en spéculation financière qu’il faut prendre pour augmenter
les salaires, les retraites et les allocations et les indexer sur les hausses
de prix pour protéger le pouvoir d’achat.
C’est au nom de ce programme que se sont présentées les listes Lutte
ouvrière dans ces élections régionales. L’ensemble de ces listes a rassemblé
près de 320 000 voix. À une centaine de voix près, c’est le même nombre de voix
qu’aux précédentes élections régionales de décembre 2015 et c’est presque deux
fois plus de voix qu’aux élections européennes de 2019.
Compte tenu de l’abstention générale très importante qui marque ce
scrutin et qui est encore plus importante dans les villes et quartiers
ouvriers, la stabilité de ce résultat est remarquable. Alors que la plupart des
listes de tous les partis, du Rassemblement national aux partis de la gauche de
gouvernement, ont vu leur nombre de voix chuter entre ces deux élections, celui
du courant communiste révolutionnaire s’est maintenu. Et cela se traduit par
une progression en pourcentage, de 1,5 % à 2,23 %.
Pour modestes que soient les scores électoraux des listes « Lutte
ouvrière – faire entendre le camp des travailleurs », leur progression est
un gage pour l’avenir. Ils témoignent de la permanence dans le monde du travail
d’un courant politique qui affiche comme objectif le renversement du pouvoir de
la grande bourgeoisie. La direction de la société doit appartenir à ceux qui,
par leur travail, la font vivre et fonctionner. C’est avec cet objectif que les
militants de Lutte ouvrière seront présents dans les luttes de demain et
s’efforceront d’y jouer leur rôle.
Le premier tour étant passé, le seul où le « camp des
travailleurs » a pu s’exprimer, le deuxième tour n’a ni enjeu, ni intérêt
pour les travailleurs et les classes populaires. Lutte ouvrière ne cautionnera
pas la supercherie consistant à présenter aux travailleurs des hommes
politiques qui sont souvent aussi réactionnaires, aussi anti-ouvriers que ceux
d’extrême droite, comme un rempart contre la menace du RN au pouvoir.
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