Pour les travailleurs, la nouvelle attaque contre le Code du travail vaut tous les discours. La semaine dernière, le projet de loi précisant le contenu de ces attaques a été rendu public. Les formulations sont compliquées mais l’idée principale est simple : la guerre au monde du travail a été officiellement déclarée.
Macron utilise le système des ordonnances parce qu’il veut aller le plus vite possible en faisant le moins de vagues possible. Il veut attaquer les travailleurs quand ils sont en congé et que les entreprises sont fermées ou marchent au ralenti. Car malgré son arrogance, il craint nos réactions collectives. Et ce que contient son projet ne peut que nous y pousser.
La primauté serait désormais aux accords d’entreprise. Ce n’est plus le Code du travail qui serait la règle et les accords d’entreprise qui seraient l’exception, mais l’inverse.
Tout se ferait au nom du dialogue social, bien sûr. Quelle hypocrisie ! Avec cette loi, le patronat aurait encore plus les mains libres au niveau de chaque entreprise pour jouer à fond du chantage à l’emploi et imposer ses quatre volontés.
Et le projet lui offrirait de nouvelles possibilités pour cela. Les « CDI de chantier », qui permettent au patron de licencier sans indemnité à la fin d’un projet, seraient généralisés. Les durées maximales des CDD et leur nombre successif autorisé pourraient être redéfinis à l’échelle des branches. Les indemnités prud’homales seraient plafonnées. Les patrons auraient encore moins à se justifier des licenciements individuels et collectifs. Le prêt de main-d’œuvre d’une entreprise à une autre serait étendu… Bref, tout ce qui est encore inscrit dans le Code du travail, protégeant encore un peu les travailleurs, serait envoyé aux oubliettes.
Le gouvernement nous menace mais aucune direction syndicale n’a vraiment relevé le gant. Toutes les confédérations continuent de jouer la comédie des discussions avec la ministre du Travail. Maintenant que le gouvernement a officiellement abattu ses cartes, de quoi vont-elles discuter avec lui ? De la longueur des nouvelles chaînes que le patronat accrochera à nos boulets d’esclaves salariés ?
L’attitude de Berger de la CFDT est sans surprise. Comme au moment de la loi El Khomri, il se fait le porte-parole du projet. Pour FO, le revirement de Mailly est spectaculaire. Lui qui avait appelé à la mobilisation l’an dernier a déclaré : « on est dans un processus de concertation intense », « on a des discussions sur le fond ». Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. La CGT, elle, commence à faire le grand écart. Elle a un pied dedans, un pied dehors. D’un côté, elle joue le jeu des négociations, de l’autre, elle appelle à une journée de mobilisation pour le mardi 12 septembre.
Eh bien, il faut se saisir de cette date ! Le gouvernement reprend l’offensive là où Hollande s’était arrêté avec la loi El Khomri. Reprenons, nous aussi, là où nous nous sommes arrêtés ! Les cinq mois de mobilisation contre cette loi El Khomri sont encore en mémoire. Des centaines de milliers de travailleurs ont participé au moins à une manifestation ou à une grève. C’est un point d’appui important.
Dans toutes les entreprises, cette attaque gouvernementale vient s’ajouter aux offensives patronales déjà permanentes : l’accélération des cadences, les horaires de travail à rallonge ou encore les menaces individuelles contre les travailleurs et les militants syndicaux. Tous ces combats sont liés. La force du camp des travailleurs réside dans sa capacité à réagir collectivement. Il faut, dans nos têtes, considérer que toutes ces attaques n’en font qu’une, qui vise l’ensemble du monde du travail et qui doit nous pousser à réagir tous ensemble.
Toute une partie du Code du travail a été le fruit des luttes ouvrières du passé, notamment de la grève générale de juin 1936 avec occupation des usines et de la peur qu’elle a inspirée au grand patronat. Macron voudrait nous les faire oublier. Nous devons nous en inspirer. Ces luttes explosives de l’ensemble du monde du travail sont la voie à suivre.
Editorial du bulletin des entreprises, le 3 juillet 2017
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