Pendant que
les médias nous amusent avec les rendez-vous diplomatiques de Macron, le
gouvernement prépare son offensive contre les travailleurs. Tout est programmé.
Cet été il commencera par le code du travail puis il s’attaquera à
l’assurance-chômage, ensuite il s’en prendra aux retraites. Comme l’écrit le
journal patronal Les Échos, « le
compte à rebours a démarré ».
Le président
puis le Premier ministre ont reçu les représentants patronaux et syndicaux. La
comédie du prétendu dialogue social recommence.
Au patronat,
Macron a déjà promis du solide. Les accords d’entreprise supplanteront les
accords de branche et le code du travail. Les indemnités qu’un patron aura
à payer en cas de condamnation aux Prud’hommes seront plafonnées. Le compte
pénibilité qui fait hurler les dirigeants des PME sera suspendu.
Aux
représentants syndicaux, le gouvernement promet… de discuter et cela suffit à
les amadouer. « Le président de la
République est à la fois déterminé mais à l’écoute », a dit Berger de
la CFDT. « Si on a une concertation,
on est prêt à travailler tout l’été », a déclaré Mailly de FO. Même
Martinez de la CGT a dit : « On
n’est pas d’accord mais au moins, on a échangé ».
Tous veulent
négocier, mais négocier quoi ? Patronat et gouvernement ne cachent pas
leur plan. Soit ils l’imposeront avec les signatures des dirigeants syndicaux,
soit ils se passeront de celles-ci. Ce n’est pas autour d’une table de
négociations faites pour lanterner les travailleurs qu’on peut faire reculer le
patronat. C’est par des luttes, par un combat conscient, un combat impliquant
le monde du travail dans son ensemble.
Si le grand
patronat, par la bouche de son porte-parole Gattaz, a mis la priorité sur les
accords d’entreprise, ce n’est pas pour rien.
À l’échelle de
leur entreprise, les capitalistes veulent pouvoir moduler le temps de travail
et écraser les salaires comme bon leur semble. La loi, ils veulent la faire
eux-mêmes. Dans les faits, c’est déjà souvent le cas. Ils ne se gênent pas pour
piétiner le code du travail. Mais ils réclament d’avoir les coudées encore plus
franches et que le gouvernement l’officialise.
Leur objectif
ne s’arrête pas là. La guerre économique que les capitalistes se mènent, ils la
font avec la peau des salariés. Ils prétendent, au nom de l’intérêt de
l’entreprise, que les travailleurs doivent accepter tous les sacrifices et que
c’est le seul moyen d’éviter les suppressions d’emplois. Et puis, une fois les
sacrifices imposés, ils suppriment quand même des emplois. Voilà comment
s’édifient les fortunes des actionnaires qui battent des records chaque année.
Leur objectif
est d’enfermer les travailleurs dans cette logique, entre les quatre murs de
l’entreprise, en espérant masquer le combat d’ensemble.
En réalité, nous,
travailleurs, sommes tous liés par un sort commun, des chantiers navals à
l’agroalimentaire, à l’automobile ou à la poste, des banques aux hôpitaux, aux
transports, en passant par la chimie et les autres branches de l’économie. Le
recul des conditions de travail des uns entraîne celui des autres. Les
suppressions d’emplois dans une branche, en augmentant le chômage, pèsent sur
l’ensemble du monde du travail. Qui n’a pas entendu un patron ou un chef
dire : « si tu n’es pas content, il y a la queue pour prendre ta
place » ?
L’exploitation
n’est pas une guerre menée à la seule échelle de l’entreprise. C’est une guerre
de classe, entre la classe capitaliste et la classe ouvrière. Pour repousser
les attaques patronales et modifier le rapport de force en faveur des
travailleurs, il faut faire reculer l’ensemble de la classe capitaliste. Seules
des luttes générales pour défendre nos intérêts communs, surmontant les
barrières divisant les exploités, peuvent le faire.
Le monde du
travail n’est pas autant préparé à la confrontation que ne l’est le camp d’en
face. Mais cela peut changer vite. Il existe des travailleurs conscients de la
voie à prendre.
Les élections
législatives qui arrivent ne peuvent rien changer au rapport de force entre exploités
et exploiteurs, mais elles permettent de montrer qu’à l’échelle de tout le
pays, dans de nombreuses entreprises et de nombreux quartiers populaires, il y
a un courant qui se retrouve dans ces idées de lutte de classe.
Ce
courant s’est exprimé à l’élection présidentielle au travers du vote pour
Nathalie Arthaud. Il doit s’exprimer à nouveau dans le vote pour les candidats
de Lutte ouvrière.
Editorial du bulletin des entreprises, le 29 mai 2017
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